jeudi 1 décembre 2016

Peuple la marre, remplir le puits

Salut!

Il y a plusieurs années, j’avais lu un livre sur la créativité qui s’intitule Libérez votre créativité de Julia Cameron*. Ce livre m’avait fait beaucoup réfléchir sur un paquet de sujets et je peux dire que c’est le genre de livre que je relirais sûrement un jour. Parmi les (nombreuses) choses que j’ai retenu de cette lecture, il y a cette idée : peupler la marre et remplir le puits. Ok, ça peut paraître bizarre comme ça, mais je vais m’expliquer.

L’auteure y explique que les artistes sont souvent emmener à faire sortir beaucoup d’idées d’eux. En parlant de faire sortir des idées, je veux parler de créer. Que ce soit écrire, composer, peindre, chanter, etc, c’est le même processus au départ : on part de nos idées pour aller vers la création. Sauf que, et bien, à peu près tous les artistes connaissent des passages à vide. Les auteurs ont un joli nom pour cela : le syndrome de la page blanche. Ce sont des moments, franchement pas agréable où un artiste n’arrive plus à créer. L’auteure expliquait que dans ces moments-là, l’artiste est comme vide d’idées. Si l’on compare un artiste à une marre, un artiste en pleine phase de créativité sera comme une marre pleine de vie, remplie de grenouille, de têtard et autres formes de vies aquatiques. On peut aussi que l’artiste sera comme un puits. Un puits où l’on a qu’à descendre un seau pour avoir une bonne eau fraîche et vivifiante.

Comme remplir la marre quand elle est vide? Ou le puits à sec? Julia Cameron avait une recette simple : se trouver des activités à faire qui nous remette en contact avec ce qui fait que l’on aime de notre art. Un musicien pourra se mettre à faire de la musique librement avec des artistes dans le métro, un auteur se plonger dans des romans d’auteurs qu’il ne connaît pas, un peintre retourner voir les œuvres des grands maîtres. Peu importe c’est quoi au fond, il faut retrouver le plaisir de son art que l’artiste doit retrouver. Chacun sa méthode et il n’y en a pas de mauvaises, tout simplement parce que c’est hautement personnel.

Ok, longue préparation pour dire ce que je voulais dire : mon puits est à sec depuis un moment déjà. Et je me suis rendue compte pourquoi. Pendant longtemps, en fait, pendant la période la plus intense de ma vie de blogueuse, j’étais entourée de livres et de gens parlant de livres à longueur de journée. J’étais libraire, que voulez-vous! Je lisais des quatrièmes de couverture, je parlais de livres avec les clients, avec mes collègues, je me tenais au courant de toutes les nouveautés, bref, j’étais dedans. Ce qui, sans que je m’en rende compte, était ma façon de remplir mon puits. Ensuite, rentrée à la maison, je n’avais qu’à descendre mon seau et en remonter des idées à foison. Sauf que depuis que je ne suis plus libraire, je n’ai plus cette ressource.  Non en fait, pas que des idées: un souffle qui me permettait  de créer.  Un souffle que j'ai en grande partie perdu avec le temps.

Pour mon plus grand malheur, je n’ai pas beaucoup de chances de jaser de livres avec des passionnés régulièrement, il y en a peu dans mon cercle rapproché. Et je n’ai plus ces petites conversations, au final banales, qui me nourrissait énormément. Ce ne sont pas de grandes choses qui me permettent de remplir mon puits, ce sont les petites remarques, les commentaires des fois totalement nowere, la petite étincelle dans les yeux des gens quand ils parlent de livres qui me nourrissait. Je n’ai plus cette ressource maintenant et si j’ai réussi à continuer à blogguer pendant longtemps malgré tout, c’est que j’avais de la réserve… Que j’ai épuisé. Oh, j’ai continué à prendre des notes, ma pile de ti-morceaux de papier est toujours à côté de mon écran d’ordinateur et bon, sur elle s’accumule maintenant la poussière (dont une bonne partie est constituée de poils de chats!:P ). Donc les idées de billets sont là, mais le souffle derrière, alimenté par mon puits, n’était plus là.

C’est devenu particulièrement clair au dernier Salon du livre. Juste de discuter comme ça tranquillement, avec tout le monde que je connais, auteurs, éditeurs, simples lecteurs comme moi, m’a fait un bien énorme. Juste de ressentir le petit frémissement en montant les marches de la Place Bonaventure, m’a fait du bien. J’ai un peu rempli mon puits à cette occasion-là. J’ai surtout alors compris ce qui me permet de le remplir : les contacts humains avec d’autres lecteurs. Les écrans interposés sont bien, mais ils ne permettent pas autant l’échange qu’une bonne vieille discussion en personne. J’ai trouvé comment remplir mon puits! Autre bon effet, j’ai ouvert un livre en rentrant à la maison! Parce que ce qui rempli mon puits pour le blogue rempli aussi, en partie, mon puits pour l’envie de lire.

Je sais maintenant comment remplir mon puits, reste maintenant à le faire;)

@+ Mariane


*En passant, amis auteurs, je vous recommande fortement cette lecture.

dimanche 11 septembre 2016

Paul dans le Nord de Michel Rabagliati

 Paul dans le Nord  Michel Rabagliati  La Pastèque  169 pages



Résumé:
1976.  Paul a seize ans et est au sommet de l'âge ingrat adolescent, avec ses hormones, ses conflits avec ses parents et son ouverture aux nouvelles amitiés.  En plus du chalet dans les Laurentides qu'il aime plus ou moins.  Et son premier amour qui traîne pas loin.

Mon avis:
Encore une fois, Michel Rabagliati touche juste en racontant une partie de la vie de Paul que l'on avait pas encore vu, celle de la traversée de l'adolescence.  Le Paul qu'on y retrouve est boutonneux, peu sûr de lui, hésitant, fasciné par les seins des filles qui l'entourent et facilement influençable par ses amis.  C'est aussi la grande période qui marque le passage de l'enfance à l'âge adulte, le cégep, la fin du secondaire, la découverte de la liberté (son scooter!).  Disons-le, on y découvre dans ce Paul l'ado bougonneur et renfermé sur lui-même des préjugés, mais en même temps, on marche dans ses souliers, alors on le comprend.  Ses relations avec ses parents seront difficiles tout au long de l'album.  Son père qui insiste pour qu'il lui donne un coup de main dans les petits travaux de la maison, alors que lui-même fait tout pour pour ne pas le faire.  Sa mère qui vieillit et qui commence à s'en faire avec ses rides, qui essaie de le comprendre malgré tout, mais qui la trouve dure cette passe.  Sa grande soeur qui s'émancipe et avec qui il goûte enfin des relations frère-soeur intéressantes.  Cet album, c'est comme toujours une incursion dans le passé, les années 70, en particulier l'impact sur les gens des Olympiques de 1976 et la passion qu'ils ont suscités sur tous les jeunes québécois de l'époque.  À les entendre devenir des experts en athlétisme, en kayak et autres sports, on comprend que les jeunes étaient passionnés de LEURS jeux.  D'autres détails surgissent, l'habillement, la musique et (je l'ai trouvé drôle!) les jeunes qui vont acheter de la bière au dépanneur et qui ne se font même pas carter.  Même que le propriétaire leur offre la bière en spécial pour qu'ils en aient 24 au lieu de 12!  La boîte de Laurentienne était d'ailleurs typique de l'époque.  Il va donc boire un coup autour du feu de camp avec ses amis et découvrir les joies du pot...  Hum!  D'ailleurs, les amis prennent beaucoup de place dans cet album.  Ils ont au coeur de la vie de Paul, en bien et en mal.  Son ami qui l'attire dans une excursion en auto-stop en plein hiver avec une vague adresse dans le Nord m'a fait bien rire, mais être dans les souliers de ces jeunes-là, je ne l'aurais pas trouvé drôle.  Une scène en particulier m'a fait profondément réagir, celle où la gang des jeunes, en présence de Paul, commet ce qui aujourd'hui est considéré comme une agression sexuelle, à tout le moins du harcèlement.  Et pourtant, personne ne trouve à y redire, ajoutant même que la jeune fille s'offusque facilement.  Si le personnage de Paul n'est pas à l'aise avec la situation, il ne dit rien.  Marqueur de l'évolution des mentalités sur ce sujet.  Cette jeune fille sera d'ailleurs son premier amour, le grand, qui prend tout et emporte tout.  La scène où finalement elle le quitte est la marque de l'inconstance de certains amours adolescents et où pourtant, on comprend qu'il prend toute la place.  À la fin de l'album, Paul a grandit, on le voit, encore là avec toute la touche spécial de l'auteur.  Une étape est finie, une autre commence.  Si l'album n'est pas situé chronologiquement dans l'ordre de publication, on ne peut que l'apprécier sur ce qu'il nous apprend sur le Paul que l'on a connu dans les autres albums.  Et encore une fois, c'est une réussite, même si pour une fois, le Paul est moins mignon que face-à-claque dans ce tome-ci!

Ma note: 5/5

lundi 8 août 2016

Je suis consciente que je vais me faire lancer des tomates...

Salut!

Il y a un sujet qui me triture l'esprit depuis un certain temps.  Je suis bien consciente que ce que je vais dire ici ne plaira pas à tout le monde, mais quand même, j'ai réussi à mettre la patte sur le point qui me dérange, alors autant en parler.

En fait, j'ai mis la patte dessus depuis un petit moment déjà.  En janvier pour être plus précise.  En lisant le livre Comme par magie d'Elizabeth Gilbert, je suis tombée sur le passage suivant:

Pendant tout le temps où je faisais mes gammes pour devenir écrivain, j'eus toujours un travail.  [...]  À vraie dire, je quittai mon travail [...] qu'une fois que j'eus écris trois livres - et qu'ils eurent été publiés par de grandes maisons d'édition et eurent tous reçus une critique favorable dans le New York Times. [...] Mais comme je ne voulais prendre aucun risque, je gardai mon travail. p. 177

Si je m'accrochai à toutes les autres sources de revenu pendant si longtemps, c'est parce que je ne voulais pas que l'écriture ait l'écrasante responsabilité de me faire vivre.  Je me gardai bien de demander cela à mes livres, car au fil du temps, j'avais vu tant d'autres gens anéantir leur créativité en exigeant que leur art paie leurs factures. J'ai vu des artistes finir fauchées et fous à force de se convaincre qu'ils ne sont pas de vrais créateurs tant qu'ils ne peuvent pas vivre exclusivement de leur créativité.  Et lorsque la créativité les trahit (c'est-à-dire lorsque qu'elle ne paie pas le loyer), ils sombrent dans le ressentiment, l'angoisse et même la ruine.  Le pire étant qu'ils renoncent souvent totalement à créer p. 178

Et là, vlam.  Ça correspond à ce que je pense déjà depuis un certain temps, mais elle a su mettre des mots dessus.  (Soi-dit en passant, les pages précédentes et suivantes portent sur le même sujet et sont à lire!)

Voyez-vous, j'ai été libraire, je sais comment fonctionne le milieu du livre dans notre Belle Province.  Pas tout évidemment, mais plus que la moyenne des gens.  Et je sais que si les candidats se bousculent au portillon pour publier, et même sur les tablettes des librairies, la rentabilité n'est pas toujours au rendez-vous.  Je connais aussi pas mal d'auteurs.  De toutes provenance et de tous les genres.  Et, tous, unanimement finissent tous par me parler, avec des yeux de merlans frits (désolé, mais oui, vous faites tous la même tête!) de leur rêve de vivre de leur plume...  J'ai juste le goût de demander souvent, MAIS POURQUOI VOULOIR ÇA!!!!  Que ça, précisément ça et comme si c'était le but ultime d'une carrière d'écrivain!

Je n'ai jamais découragé personne à ce sujet et je ne le ferais jamais.  C'est un rêve noble.  On dirait par contre que mon côté hyper-pragmatique se hérisse contre cette vision bucolique de la vie d'écrivain.  On dirait que la plupart des auteurs en herbes qui rêvent de vivre avec leur salaire d'écrivain s'imaginent s'installer le matin devant leur ordinateur et passer la journée dans la béatitude complète de leur bulle d'écrivain.  Qu'ils s'imaginent que leur chat ou leur chien (je vous laisse deviner ma préférence :P ) collé contre eux, partenaire de leur imagination et de leur inspiration, va être leur compagnon de tous les jours.  Qu'ils vont se mettre à écrire encore et encore, toujours heureux de le faire et d'entrer chaque jour dans cette bulle.  C'est comme s'imaginer une vie d'écrivain à temps plein sur papier glacé.  Et j'ai souvent le goût de péter la bulle à plusieurs.

De un, si écrire est votre boulot à temps plein, l'écriture comme telle ne sera plus aussi agréable.  Parce que loin d'être un loisir, ou la chose que vous faites pour vous faire plaisir, ça deviendra une obligation.  Goût, pas le goût, fatigué, pas fatigué, occupé, pas occupé, inspiré ou non, il vous faudra écrire.  Parce que c'est votre boulot.  Et oublier la jolie vision que vous pourrez enfin écrire ce que vous voulez.  Si c'est votre boulot, vous devrez produire, quitte à écrire des trucs que vous aimez moins, des trucs à contrat entre autre.  Oui, Bryan Perro a fini par vivre de sa plume, mais Amos Daragon est une oeuvre de commande au départ.  Vos projets personnels, vous les ferez quand vous aurez le temps pour.  Pas avant.  C'est triste, mais c'est comme ça, parce que dorénavant, écrire est votre boulot.  Et si jamais vous faites face au syndrome de la page blanche, vous serez seul avec votre problème, vos angoisses et vos factures qui s'accumulent!

Et ça, c'est sans compter que le boulot d'écrivain signifie une grosse partie de contacts avec les lecteurs, ce qui veut dire déplacement dans toutes les petites et grandes villes du Québec.  Avec ce que ça veut dire d'heures de routes (où vous ne pourrez pas écrire), de nuits à l'extérieur (oui, vous pourrez écrire à l'hôtel, mais vous en restera-t-il l'énergie???), de mauvais restos et de rencontres pas toujours drôles.  Je sais que rencontrer ses lecteurs doit être une expérience très agréable, mais elle va avec ses petits à-côtés qui peuvent constituer des irritants à la longue.  D'autant plus que ces petites sorties, qui sont souvent des animations, rapportent souvent plus que les droits d'auteurs eux-mêmes.  Alors, écrire, même si ça rend heureux, ou faire des animations parce que ça remplit le frigo et paye le loyer?  Dilemme cornélien s'il en est parce que l'écrivain souhaite écrire et là, il se retrouve à ne plus pouvoir écrire parce qu'il fait des animations pour gagner sa vie et qu'il a laissé son travail payant pour se libérer du temps justement pour écrire.  -_-

Sauf que le problème, ce n'est pas tant que les gens rêvent de vivre de leur plume, c'est qu'ils rêvent d'avoir plus de temps pour écrire.  Le fait de vivre de ses droits d'auteurs est alors un moyen alors que bien des gens le voit comme une fin.  Sauf que voilà, justement de un, c'est très difficile de vivre de ses écrits, particulièrement au Québec où le marché est petit, mais plus encore, c'est que le rêve d'arrêter de travailler pour écrire ne libérera pas nécessairement le temps souhaité pour se consacrer à son travail favori.  D'où ma réaction dubitative interne quand quelqu'un me dit qu'il rêve de vivre de sa plume...

D'autant plus, et ça aussi, ça me rend triste, est que le but d'écrire est souvent vu comme étant celui de vivre de sa plume!  Comme si d'écrire simplement parce qu'on aime ça, tout en ayant le plaisir et l'honneur d'être publié, sans en faire son métier, était être un écrivain moins accompli que celui qui utilise ses droits d'auteurs pour mettre du pain et du beurre sur sa table.  Ce n'est pas moins noble!  Et fichez-moi à la porte ces clichés de l'artiste dévoré par son oeuvre qui doit lui consacrer la moindre parcelle de sa vie et de son temps.  Ça fait de très bons films, mais de très vilaines vies à vivre.  Et ce n'est pas nécessaire pour être heureux d'écrire de cette manière.  Je crois qu'une bonne dose de réalisme est nécessaire.  Si on voit l'écriture comme quelque chose qui complète les revenus tout en ayant un travail quotidien, et bien, je ne vois pas ce qu'il y a de mal à ça.  Ni pourquoi ce serait moins considéré.  Ni comment ça nuirait vraiment au côté qualitatif d'une oeuvre (côté quantitatif, peut-être, mais bon, plein d'autres choses peuvent être un frein!).  C'est le cas de la majorité des auteurs de toutes façons, lâchez le rêve et profiter de la réalité.  Elle ne sera pas en papier glacée, mais permet d'écrire et de faire ce que l'on aime pour de vrai.  Ça veut dire cumuler les accommodements, lutter pour trouver un équilibre entre le temps consacré à l'écriture et le reste de la vie quotidienne, mais reste qu'il me semble que cette voie moyenne, pas nécessairement glamour permet de combiner l'aspiration à l'écriture et les nécessités de la vie, donc d'être capable de faire ce qu'on rêve de faire.

Bon, maintenant tout le monde, si vous y tenez, lâchez-vous lousse sur les tomates, mais bien mûres svp, que je puisse me faire de la sauce à spag avec :P

@+ Mariane

lundi 1 août 2016

Je n'étais pas dans la file d'attente samedi dernier à minuit...

Salut!

Je me considère comme une assez grosse fan d'Harry Potter.  J'ai lu, dévoré devrais-je plutôt dire, chacun des tomes de la série.  J'ai fini les trois derniers quelque part aux petites heures du matin.  En pleurant pour le dernier tome.  En tournant la dernière page du dernier livre, j'ai ressenti un vide immense: c'était fini.  À jamais.  Il n'y en aurait plus d'autres.  Et ça m'a laissé un immense trou dans la poitrine.  J'ai aussi lu les deux tomes hors-série que l'auteure a écrit: celui sur le quidditch et l'autre sur les animaux fantastiques.  J'ai bien aimé, sans être une super fan.  Alors voilà, j'avais fini mon trip Harry Potter pour de bon.  Ne me restait que les souvenirs maintenant.

Sauf que voilà, il y a quelques mois, j'ai entendu parler d'un nouveau tome.  19 ans plus tard.  Et d'une nouvelle série de films, situés dans le même univers.  Et ça n'a pas soulevé mon enthousiasme au-delà du simple: ah oui?  J'ai pourtant été une fan extrêmement enthousiaste de l'oeuvre!!!!  Que m'arrivait-il tout à coup?  Voilà donc que je ne pensais plus à cet univers, ces personnages que j'ai pourtant adoré.  Pourquoi donc?

Réfléchissons donc...  Ça m'était déjà arrivé, sans doute pas une seule fois, mais c'est cette fois-ci qui me revient en tête: Les Enfants de la Terre de Jean M. Auel.  J'ai lu, relu et rerelu ses livres.  J'ai adoré ceux-ci et ils figurent parmi les lecteurs marquantes de ma vie de jeune lectrice.  Pourtant, quand j'ai su qu'un sixième tome allait sortir, une bonne décennie après la lecture du premier tome, j'avais eu une réaction semblable: ah oui?  Bon, dans ce cas précis-là, il faut le dire, le cinquième tome m'avait beaucoup déçu par rapport aux quatre premiers.  Néanmoins, au-delà de ça, il y avait autre chose.  J'avais lu ces romans jeune adolescente.  La personne qui les avait tant aimé avait cet âge-là.  J'avais grandi depuis.  Reconnecter à cet univers était difficile parce que ma perception des choses avaient beaucoup évolué.

Il y a aussi, que quand on aime d'amour quelque chose et que cet amour n'est pas nourri de façon régulière, on dirait qu'il se fige dans le temps. devenant aussi clair, limpide et miroitant que le cristal.  Aussi fragile également.  C'est comme un grand amour qui a passé, on garde les plus belle images dans notre tête, le meilleur reste, mais le reste est occulté, sinon oublié.  Alors, quand on nous propose de modifier le cristal, on a peur de perdre cette vision soigneusement créé dans notre vie.  Le risque de décevoir les fans est immense pour les auteurs d'ailleurs.  En voulant les amener un peu plus loin, on risque de briser la vision construite depuis longtemps.  Parfois, même si on est un grand fan, on ne veut pas prendre le risque.

Pour ces deux raisons, je n'étais pas en ligne à la librairie samedi dernier à minuit.  Et je me tiens loin de tout ce qui est la folie Harry Potter pour l'instant.  Je ne dis pas que je ne vais pas céder à la curiosité à un moment ou à un autre, mais pour l'instant, ça ne me tente pas, tout simplement.  Je n'ai pas le goût de retourner dans cet univers pour mettre en danger l'image cristalline que j'en aie gardé.  Parce qu'Harry, Ron et Hermione ont pour moi quelque chose de sacré et que je chéris leur souvenir... d'autant plus que si j'ai le goût de les retrouver, je n'ai qu'à rouvrir un des bouquins de la série originale pour le faire!

@+ Mariane

vendredi 29 juillet 2016

Open d'Andre Agassi

Open  Andre Agassi  (JR Moehringer)  Plon 501 pages



Résumé:
Le petit Andre Agassi a sept ans quand son père l'installe sur un terrain de tennis, face à une machine à lancer des balles.  Cette machine, il la surnommera le dragon et son père tyrannique l'obligera à frapper 2500 balles par jour à partir de cet âge, décidé à faire de lui un numéro un mondial.  Le moment où il va commencer à détester le tennis.  Ce qui ne l'empêchera pas de devenir, quelques années plus tard, le numéro un mondial.  Dans ce livre, on le suit dans les innombrables hauts et bas du joueur de tennis.  Avec ses moments de bonheur, de gloire, mais aussi ses descentes aux enfers.  Et les matchs qui rythment le tout.

Mon avis:
Honnête j'ai le goût de dire.  Évidemment, c'est une autobiographie, donc, forcément, Andre Agassi ne raconte que ce qu'il veut bien dire.  D'ailleurs, point à noter, je ne dirais pas l'auteur dans le cadre de cette critique puisqu'il le dit lui-même dans la post-face, il n'est pas l'auteur du livre, même si son nom figure sur la couverture.  Il nomme clairement le véritable rédacteur du texte et c'est tout à son honneur puisque que nombre de sportifs n'ont pas cette honnêteté.  On le suit pas à pas depuis l'âge de sept ans, alors que son père l'oblige à se mettre au tennis.  On comprend très vite que ce père, tyrannique et autoritaire, n'est pas le genre à qui l'on peut dire non.  Plusieurs anecdotes à l'appui, on saisit vite l'atmosphère dans laquelle lui et ses frères et soeurs ont grandit...  Déterminé à faire de son fils un numéro un mondial, il n'hésitera pas à lui mettre une immense pression sur les épaules.  Mais ce récit, c'est aussi la vie d'un jeune de Las Vegas, habitué dès son jeune âge à la notion de pari et de jeu.  Visiblement, la ville l'a beaucoup marqué.  Tranquillement, au rythme des matchs, des victoires et des défaites, on suit son parcours.  Dans les montées qui suivent les victoires, mais aussi dans les spectaculaires et profondes périodes de doutes qui suivent la défaite.  Un match à la fois.  Victoire, montée.  Défaite, descente.  Match par match.  Et on a plein des récits de match.  Ce qui est surprenant, c'est que même au bout du douzième, on est pas tanné de les lire.  Au contraire, on garde l'intérêt envers chaque partie, sans que la répétition s'installe trop, quelque sois notre niveau général de connaissance sur le tennis et ses règles (chapeau au rédacteur sur ce point!).  Ses relations avec les autres, très fortes, entre autre avec son frère Philly (lui aussi obligé de jouer au tennis par leur père) et son entraîneur Gil, quasiment son second père.  Si le livre parle beaucoup de tennis (évidemment!), il parle aussi beaucoup de la personne derrière le joueur, qui s'est longtemps cherchée.  Sur ce point, on ne peut que le comprendre.  Le joueur qui sur le terrain semblait un rebelle, un bum était en fait un être humain qui comme il le dit lui-même, se cherchait, explorait, plus qu'il ne s'affirmait, version plus largement véhiculée sur son compte.  C'est l'être humain derrière le sportif que l'on découvre et c'est très intéressant.  Certes, il fait l'impasse sur certains détails (tient, il a eu une petite amie pendant deux ans à Memphis?  Il le dit comme ça en passant, sans même la nommer!) et certaines parties de sa vie restent plus mystérieuses, mais quand même, on sent l'honnêteté de dire les choses telles qu'elles ont été pour lui.  C'est très intéressant et ça se lit comme un page turner.  J'ai vraiment beaucoup aimé.

Ma note: 4.5/5

lundi 18 juillet 2016

Connaissez-vous les boîtes à livres?

Salut!

Connaissez-vous les boîtes à livres?

Pour ceux qui ne connaissent pas, l'idée fleurit depuis quelques années déjà.  Le principe est simple: une boîte est disponible dans un endroit public: parc, rue passante, station de métro, bibliothèque, parfois même devant la maison de simples particuliers, mais toujours dans un endroit accessible.  La boîte est toujours clairement identifiée.  On peut y déposer des livres ou y prendre des livres.  Comme ça, gratuitement et sans que personne n'aille à redire sur ce que vous y prenez ou vous y mettez, pas de date de retard si vous ne ramenez pas le livre, pas de file d'attentes non plus.  Personne pour surveiller, ni personne pour vous dire de parler moins fort comme à la bibliothèque.

Ce genre d'initiative pour la lecture fait partie de ceux qui sont entrés dans mon écran-radar au cours des années.  Des gens qui prennent et donnent des livres, à de purs inconnus et provenant de purs inconnus, dans le but de partager le plaisir de la lecture.  Je ne m'y étais pas intéressée beaucoup.  L'idée me plaisait, mais comme de nombreuses initiatives, je n'ai pas pris le temps de m'y attarder de plus près.  Pourtant voilà, ça m'est retombé sous le nez de belle façon.

Samedi matin, un magnifique samedi ensoleillée, j'ai été prendre une marche dans un parc de mon quartier avec un ami.  Et là, je tombe pour la première fois sur une de ces fameuses boîte à livre en bois et en clous.  Je n'ai pas pu m'empêcher de m'en approcher avec des cris de gamine émerveillée.  J'ai évidemment sauté sur son contenu.  Il y a avait là une belle brochette de livres, de la psychologie au roman policier, dans les deux langues officielles du pays (pour mémoire, j'habite un quartier 50-50 pour ce qui est de la langue parlée à la maison).  La boîte était telle que je me l'imaginais: sympathique, vivement colorée, avec des livres ayant un peu de vécu à l'intérieur, mais aussi plein de belles intentions de lecture.  Et là, surprise de taille!  J'ai mis la main sur un livre de Daniel Sernine édité en 1991...

La jolie boîte à livre de mon quartier avec le livre que j'y aie trouvé!


Laissez-moi vous dire que ce livre n'est pas resté dans la boîte!  Maintenant que je sais que cette boîte n'est pas loin de chez moi, je pense aller y faire un tour.  Pour aller voir ce qu'il y a dedans, mais aussi pour aller y déposer quelques-uns des miens que je sais que je ne relirais pas.  Question de partager le plaisir... ;)

Ce que j'aime par-dessus tout de ce genre d'initiatives, c'est sa simplicité.  Rien de compliqué, juste un lien entre des lecteurs inconnus que rien d'autres ne réunira sans cela.  Un peu comme Le 12 août, j'achète un livre québécois.  Pas de chichis, pas de flaflas, juste des actes en faveur du livre et de la lecture à faire partager.  Et ça, j'aime ça.

@+ Mariane

P.S. Avez-vous commencé à faire votre liste pour le 12 août????  Moi oui! :D

jeudi 7 juillet 2016

Trilogie des tempêtes: 3- Au coeur des tempêtes de Mercedes Lackey

Trilogie des tempêtes  tome 3  Au coeur des tempêtes  Mercedes Lackey  Milady  602 pages


Résumé:
Restés à la Tour d'Urtho, au centre des Plaines de Dhorisha, coupés du monde, le petit groupe de mages et leurs alliés ont réussi à trouver une solution temporaire au problème des tempêtes magiques.  Cependant, le plus grave problème est encore à venir, car tous savent que la pire tempête, l'écho de la terrible tempête qui ravagea le monde, deux milles ans plus tôt est encore à venir.  Pendant ce temps, Elspeth et Ventnoir quittent Valdémar pour aller à la rencontre de Tremane.  Celui-ci se voit offrir par le peuple de Hardorn la couronne de leur pays, mais à condition de se lier à la terre, pratique négligée par Ancar pour accroître sa puissance magique.  Sauf que les effets de celle-ci se révéleront inattendues par tous.  Au point que celui-ci sentira lorsque des ressortissants de la mystérieuse Iftel traverseront leurs frontières pour la première fois depuis des siècles.

Mon avis:
Alors que les deux premiers tomes de trilogie étaient directement liés l'un à l'autre, celui-ci se démarque parce qu'il forme une intrigue complète en lui-même, même s'il conclut une trilogie.  L'histoire suit sa propre courbe.  Premièrement, le décor change: de Valdémar, on suit à la fois le groupe qui entoure Karal à la Tour d'Urtho et celui d'Elspeth, ambassadrice de Valdémar auprès de Tremane.  Ce changement en entraîne beaucoup d'autres dans la narration, subtils, mais présent, qui donne sa couleur au livre.  Karal reste le narrateur principal, mais An'desha et Tremane cèdent leurs places à Elspeth et à Melles, l'autre héritier potentiel du trône de l'Empire.  La même épée de Damoclès pend au-dessus des protagonistes, mais ils savent un peu mieux s'orienter par rapport à elle (sauf les impériaux!).  Tous les personnages vont évoluer sous nos yeux, mais plus particulièrement Karal.  Il continue son cheminement intérieur, lui qui, partit moins d'un an plus tôt de Karse en tant que prêtre du Soleil, a vu son point de vue sur le monde et les gens qui l'entoure changer du tout au tout.  Mais ce qui est intéressant, c'est qu'on le suit dans ses interrogations, ses décisions, ses doutes et ses conclusions.  On voit lentement un être humain qui a été élevé dans une certaine rigidité intellectuelle s'ouvrir et accepter la différence, non pas en la tolérant, mais en l'acceptant de façon pleine et entière.  Durant leur séjour à la Tour d'Urtho, son cheminement se poursuivra, accompagné comme il l'est par des êtres aussi différents qu'il puisse l'être, tant culturellement que physiquement.  Et leurs découvertes dans la tour le seront tout autant.  Intéressant, cette idée encore une fois de mélanger la science et la magie (même à distance)!  De son côté, Elspeth et Ventnoir affronteront une autre sorte de magie, plus ancienne encore: la magie de la terre.  Le parcours de ces deux-là est tout aussi intéressant que celui de Karal et de ses amis.  Partis comme ambassadeur de Valdémar et de ses alliés, ils seront à la fois les supports et les motivateurs de Tremane dans sa nouvelle vie.  Et celui-ci sera obligé de remettre en question sa vision du monde.  Encore une fois le cheminement, douloureux par moment, mais nécessaire.  L'autre nouveauté, est l'ajout d'un narrateur directement dans l'empire, celui qui deviendra l'héritier de Charliss, Melles.  J'ai moins apprécié ses parties, beaucoup plus politiques.  Et de voir un entourloupeur à l'oeuvre me donne moins de plaisir que de voir quelqu'un qui essaie de se tirer d'une situation désespéré, ce qui était le cas de Tremane.  J'ai fini par l'apprécier à la longue, mais je n'appréciais moins les chapitres qui lui était consacrés.  Encore une fois, on saute d'un narrateur à l'autre et on voit les choses selon différents points de vue sur une même situation, ce qui permet d'en couvrir tous les angles, mais en même temps, la ligne du temps est continue.  C'est comme si Karal racontait le début de l'histoire, suivit par Elspeth (qui n'était pas narratrice dans les autres tomes), ensuite Melles, puis de retour à Karal etc, mais toujours à la troisième personne.  Intéressant.  J'ai moins aimé la partie où les dieux et déesses interviennent directement dans la vie des personnages: c'était intéressant de voir un roman de fantasy qui ferait spécialement l'impasse sur l'intervention divine.  Ils n'en avaient d'ailleurs pas besoin, la brochette de talents et d'intelligences et leur capacité à travailler ensemble suffisait largement à donner un intrigue intéressante.  Un petit regret donc.

Ma note: 4/5

lundi 4 juillet 2016

L'auteur et l'oeuvre

Salut!

Avez-vous déjà remarqué que souvent, quand on présente un auteur en début de carrière, on aura tendance à dire son nom et auteur de ensuite, comme pour assurer les personnes qui liront le texte que la-dite personne est vraiment, mais vraiment un ou une auteur(e).  La preuve, le livre publié!  Pourtant, passé un certain nombre de publication, ou plutôt une certaine réputation, on parlera des oeuvres de l'auteur, mais l'auteur sera un personnage à part.  La filiation ne sera plus directe.  On peut parler de l'auteur sans parler directement de son oeuvre.  Stephen King, Patrick Senécal, Alexandre Dumas, Agatha Christie, je pourrais étirer la liste longtemps: les auteurs n'ont plus besoin de la caution de leurs oeuvres pour exister.

Dans un autre ordre d'idée, on ne peut pas avant un certain point parler de l'oeuvre sans parler de son auteur.  Les jeunes auteurs qui commencent sont liées à leurs oeuvres.  Tel livre, écrit par telle personne.  C'est le problème de l'oeuf et de la poule.  On sait qui est l'auteur, mais où finit le travail de celui-ci et où commence l'oeuvre en elle-même?  Parce que ma petite théorie là-dessus est qu'une oeuvre ne prend véritablement son envol que lorsque celle-ci s'est affranchie de son auteur.  Un peu comme un enfant qui ne devient véritablement une personne à part entière qu'une fois sortie du ventre de sa mère, même s'il a encore besoin pendant un bon moment de ses parents pour grandir.  À un moment donné, l'enfant vivra de lui-même.  Ça arrive aussi aux livres, mais pas à tous.  Certains ne passent pas le seuil de cette «enfance» et restent liés à leurs auteurs.

Les autres prennent leur envol.  Quand sort un nouveau livre du même auteur, on ne parlera plus de tel livre, écrit par telle personne.  On parlera du dernier de tel auteur et on mentionnera parfois ses oeuvres précédentes, mais pas toujours et pas obligatoirement.  Parce que ces autres oeuvres-là ont déjà quitté le nid.  Plus besoin de leur auteur pour voler de leurs propres ailes et leur auteur n'a plus autant besoin d'eux pour promouvoir leur petit dernier.  Il reste une filiation, mais elle n'est plus aussi viscérale et mutuellement nécessaire.

Ce stade met du temps à arriver et je ne puis qu'être honnête, seule une poignée d'auteurs pourront un jour atteindre ce stade.  Celui qui distingue l'auteur de l'oeuvre et l'oeuvre de l'auteur.  Les deux deviennent des entités indépendantes.  Liés, mais indépendant en même temps.  Si un auteur atteint ce stade, il peut vraiment se compter chanceux, mais en même temps, ce n'est pas quelque chose de coulé dans le béton ni de permanent.  Toujours en mouvement est le monde artistique et le monde tout court.  Rien n'est garanti.

Sauf que si vous êtes capable de nommer un auteur sans nécessairement faire référence à lui comme étant l'auteur de, c'est que cet auteur a réussi à libérer et se libérer de son oeuvre.  C'est ce qui peut lui arriver de mieux, à lui comme à ses livres.

@+ Mariane

mercredi 29 juin 2016

Les Serments et l'honneur: 2- Les Parjures de Mercedes Lackey

Les Serments et l'honneur  tome 2  Les Parjures  Mercedes Lackey  345 pages


Résumé:
Tarma et Kethry font désormais parti de la compagnie de mercenaires des Faucons du Soleil, sous le commandement d'Idra.  Après une victorieuse campagne, celle-ci doit aller s'assurer de son devoir en tant que soeur des souverains de Rethwellan, dont le roi vient de mourir.  Cependant, ne la voyant pas revenir, Kethry et Tarma sont envoyés par leur compagnie pour découvrir les causes de sa disparition.  Ce qu'elles découvrent s'avère beaucoup plus complexe que ce qu'elles avaient pensé au départ.

Mon avis:
Là où le premier tome était plus une succession d'histoire avec des liens plutôt lâches, ce tome-ci fait preuve d'une unité plus conséquente à un roman.  Après une introduction un peu longue par rapport au sujet réel du roman, les choses se précises et se précipitent, même si j'ai trouvé que la cohérence entre les différentes parties étaient floues par moment.  Est-ce une mission pour trouver les responsables de la disparition d'Idra, une tentative de renverser un mauvais monarque, une quête pour en mettre un autre sur le trône, approuvé par une épée fabuleuse?  On traîne de l'un à l'autre et la bataille finale, si elle est très bien réussie, souffre de l'absence de cohérence qui l'a précédé.  Encore une fois, les personnages féminins forts, la magie et le sens de la bataille des Soeurs de sang sont présents et très intéressants.  Mal dosé peut-être, mais ce deuxième et dernier tome du dyptique bât largement le premier tome.  Malgré tout, je réserverais cette dulogie aux fans déjà convaincu de Mercedes Lackey: le reste de son oeuvre, si elle n'est pas d'une qualité extraordinaire, vole déjà pas mal plus haut que ça.

Ma note: 3/5

lundi 27 juin 2016

Ces temps-ci, je relis...

Salut!

Depuis quelques temps, et ne me demandez pas pourquoi, la lectrice en série, dévoreuse de livres et de nouveauté en rafale en moi a subitement eu le goût de faire ce qu'elle n'avait pas fait depuis des lustres: relire un livre.

Relire des livres que j'ai adoré, qui m'ont fait trippé, que j'ai noté 5 souvent, sur mon blogue.  Juste pour le plaisir, juste pour le fun, sans aucune raison particulière.  Je me suis retapée une trilogie complète que j'avais lu il y a quelques années.  Et là me vient un trip de relire tous les Harry Potter cet été.  Et j'ai d'autres projets de relecture qui me trottent dans la tête!

Bizarre dans les faits!  J'ai longtemps lu en série, ne me donnant le temps de relire que de brefs passages, jamais l'oeuvre au complet.  Et là, j'ai le goût de retourner sur des sentiers battus, pas de lire de la nouveauté.  Ce que je n'avais pas fait depuis au moins mon adolescence.  Sans blague!  Une bonne quinzaine d'années!  Sans vraiment relire.  Pourtant adolescente, je relisais souvent.  Avant tout parce que j'avais peu de livres (la nécessité explique souvent bien des choses!), mais aussi parce que j'aimais revivre encore et encore certains passages de mes livres préférés.  Un peu comme mes chansons préférés que j'écoute et réécoute encore et encore (ma mère a sans doute beaucoup apprécié mon départ de la maison pour cette raison...), mais pendant une bonne décennie, je n'en aie pas ressenti le besoin de relire.

Bon, y'a mon passage en librairie qui a beaucoup joué, certes.  Quand on est plongé dans nouveauté à chaque instant, on pense au futur plus qu'au passé.  Surtout en ce qui a trait à la lecture.  Comme m'a dit un ami libraire (encore actif!), quand on est libraire, on garde les livres qui nous tente et qui ne sont pas urgents à lire pour notre retraite...  Bon, d'autres accumulent les REERs, les libraires accumulent les PALs de retraite!  Je ne suis plus libraire et j'ai entamé ma PAL de retraite depuis un moment.  Et là, j'en suis à relire les oeuvres qui ont marqué ma vie.  Même si j'ai entamé ma PAL de retraite de libraire (soyez tranquille, celle-ci devrait me tenir encore au moins deux bonnes décennies...)

Pourquoi?  J'ai aucune espèce d'idées!  Mais dans ce domaine, comme dans bien d'autres, je suis mon instinct qui me pousse à regarder plus souvent dans ma bibliothèque de livres lus que dans celle de livres non-lus (oui, ils sont classés comme ça chez moi!) quand il s'agit de choisir une nouvelle lecture.  Alors, ces temps-ci, je relis des livres qui m'ont fait tripper, voler dans des univers inconnus, découvrir des morceaux de l'histoire, bref, les livres, dont longtemps après, je garde un souvenir impérissable.  C'est ceux-là que je relis, ceux qui ont trottés dans ma tête, pas les autres.

Parce qu'honnêtement, j'ai trop lu de bouquin dans ma vie pour tous les relire.  Et en partant, ils ne méritent pas d'être tous relus!

@+ Mariane

P.S. Je pense que je vais commencer à indiquer mes livres en relecture ici...  Juste pour vous tenir au courant! :P

jeudi 23 juin 2016

Les Serments et l'honneur : 1- Soeurs de sang de Mercedes Lackey

Les Serments et l'honneur tome 1 Soeurs de sang  Mercedes Lackey  Milady  349 pages


Résumé:
Tarma a vu son clan shin'a'in être assassinée.  Désireuse de vengeance, elle s'est faite Kal'enedral, Promise à l'Épée, dévouée à Celle-aux-yeux-étoilées, seule condition pour exercer sa vengeance, mais à un lourd coût.  Dans sa quête, sa route a croisé celle de Kethry, une sorcière des Vents-Blancs qui a juré d'utiliser sa magie pour le bien.  Et qui a une épée bien particulière, appelée Besoin...  Ensemble, elles souhaitent rebâtir le clan de Tarma, mais doivent avant cela accumuler l'argent nécessaire.  Les deux femmes vont donc chercher à se faire engager comme mercenaires.

Mon avis:
Plus qu'un roman, ce livre est une accumulation de nouvelles inégales.  Si les dernières sont plus réussies, les premières manquent de substance.  D'autant plus que la grande question du pourquoi les deux femmes se sont retrouvées liées est tout juste abordée et à peine expliquée.  Leurs aventures, nombreuses, forment la trame du récit, aventures souvent initiées par Besoin, l'exigeante épée qui oblige sa propriétaire à venir en aide aux femmes en détresse. Celle dont héritera plus tard une certaine Kerowyn...  L'histoire se passe environ deux générations avant le coeur des récits prenant place à Valdémar et loin dans les contrées du Sud.  Un endroit où semble régner la loi du plus fort et où les deux femmes auront à se battre pour se faire une réputation, mais dans un monde un peu moins misogyne que ne l'est le nôtre.  Malgré tout, on sent la volonté de l'auteure de mettre les femmes au premier plan, de toutes les manières possibles.  Leurs aventures avec un démon sont un peu répétitive, même si c'est bien la seule chose qui unit le récit.  À garder pour les vrais fans de Mercedes Lackey, ce n'est pas son meilleur opus, loin de là.  Par contre, de connaître l'histoire de Kethry et Tarma est très utile pour mieux connaître l'histoire de Kerowyn, qui sera plus tard à l'honneur dans un roman subséquent.

Ma note: 2.75/5

lundi 20 juin 2016

Entendez-vous les Murmures...

Ils sont en retard!!!!!!!!

Ça m'énerve royalement parce que je me suis tapée deux heures de route jusqu'à Trois-Rivières pour faire une entrevue avec eux et là... ils ne sont pas là.  J'ai beau revérifier mes courriels à répétition, ni Michel, ni Mathieu ne donnent de signes de vie.  Et ils ne sont pas dans le café non plus.  Non, la seule personne qui s'y trouve en ce moment est un vieil homme à l'air confus, qui a l'apparence d'un hipster déchu à la sauce fou du village.  Pourtant, quelque chose me fascine en lui.  Il a comme une certaine noblesse naturelle qui transpire à travers lui.  Ça transpire à de petits détails, qui excluent sa longue chevelure avec une calvitie parfaitement visible et une barbe mal taillée.  Remarquant mes petits regards de travers, l'homme se déplace vers ma table.  Ouille, il s'assoit devant moi!!!

-Bonjour Madame, comment vous appelez-vous?

-Euh, Mariane.

(Qu'est-ce que je fais!)

Il porte sa tasse à ses lèvres et déguste une gorgée de café.  

-C'est un magnifique prénom Mariane, c'est formé de deux mots grecs qui signifient Choisie et Grâce.

Ma mâchoire passe proche de décrocher.  Je ne m'attendais pas à une diction si soignée et à une culture si pointue de la part de quelqu'un qui a l'apparence d'un clochard!

-Euh et vous, c'est quoi votre nom?

-Je m'appelle Jean St-Jean, ravi de faire votre connaissance.

(Pas certaine que ce soit réciproque!)

Je le salue tout de même d'un hochement de tête.

-Et euh, vous avez appris le grec où?  

-Oh, au Collège des Trois-Rivières, durant les années 50, avec mon frère jumeau Réjean.  Mon père voulait que nous fassions notre cours classique.  Nous avons abandonné les études après la Syntaxe, en 1958.

En repensant au passé, il a un petit rire qui se veut joyeux, mais qui me glace le sang.

-Avec nos uniformes, il était impossible de nous distinguer: Pantalon gris et veston noir avec un écusson du Collège.  La même devise y était brodée avec du fil d'or: Obéissance et foi.  Nous étions identiques!  

De nouveau ce rire qui fait se hérisser le moindre poil de mon corps.  Au point que je remarque à peine la petite famille qui entre au même moment dans le café.  

-Pou..Pourquoi avez-vous quitté le Collège?

Il se penche vers moi, complice et pourtant, je ne peux m'empêcher de m'enfoncer aussi loin que possible dans la banquette.

-À cause de ce qui s'est passé dans les Catacombes du Collège ma chère Mariane.  Après de tels événements, plus rien ni personne n'aurait pu nous convaincre d'y retourner.

-Euh minute, des catacombes dans un Collège catholique, à la fin des années 1950???  Je crois M. St-Jean que vous vous moquez de moi!

Au lieu de rire, cette fois, il sourit, mais d'un sourire cauchemardesque, presque aussi terrifiant que son rire.

-Vous n'avez jamais entendu parler des disciples de Théo?

-Euh non.

-Vous avez de la chance, beaucoup de chance...  Une chance que vous n'aurez plus bien longtemps.

Je dois avoir tiré une face à points d'interrogation parce qu'il ajoute en se penchant vers moi:

-Le secret que je garde depuis tant d'années sera bientôt révélé.  La loi su Secret sera rompue et mon âme soulagée du poids de celui-ci, peut importe ce qu'en pense mes complices.

Sur ce, il se lève et lentement, mais dignement, va reposer sa tasse vide sur le comptoir avant de quitter les lieux.  Je le suis des yeux dans la rue avant de revenir vers l'intérieur du café et constater que le papa qui était entrée quelques instants plus tôt est planté devant moi et me regarde avec un air éberlué.

-Ouais, le secret sera révélé...

Ce type est presque aussi bizarre que l'autre, même s'il est nettement plus jeune.  Toutefois quelques cheveux gris strient sa chevelure et des lunettes sont perchées sur son nez.  Dans la rue, je ne me serais pas méfiée de lui car il a l'air d'un type tranquille.  Sauf que là, la tête qu'il fait le classe dans la catégorie à surveiller du coin de l'oeil parce qu'il a l'air juste TROP bizarre!  Pas loin à une table, une jeune femme babille avec un garçonnet qui a un air de famille avec l'homme qui se tient devant moi, sa tasse de café à la main.  

Il s'assoit devant moi, l'air de s'en rendre plus ou moins compte.  

-Les secrets ne sont pas bons.

Il secoue la tête, perdu dans ses pensées.

-Mais le secret est immanent à la condition humaine, le secret est humain disait Saint Thomas D'Aquin...

Tout à coup, il semble s'apercevoir de ma présence.

-Oh, je suis désolé, je suis professeur de philosophie au cégep, je m'appelle Mathieu.

Éclair d'espoir soudain!

-Mathieu Croisetière?

-Euh, non, je ne connais pas cette personne.

(zut!!!!)

Le voilà retourné dans ses pensées!  Il se murmure, comme à lui-même.

-Moi aussi, j'en ai un secret, depuis longtemps.  

-Euh, je ne veux pas être désagréable, mais si c'est un secret, ça ne me concerne absolument pas!

Il secoue doucement la tête.

-Non, mais les secrets rongent les gens, moi en tout cas, je n'ai jamais pu oublier et ça fait bientôt 15 ans.  

Il se remet à se parler, davantage pour lui-même que pour moi, alors que lentement, je sens un très grand malaise m'envahir.

-C'était aux Chutes, à Ste-Ursule, personne ne me forcera à y retourner, même si c'est là que je suis né.  Ce n'était pas sensé arriver, personne ne me croira si je le racontais de toutes façons, même moi, j'ai du mal à y croire...  En fait, on était juste allé fumer un petit joint en gang avant de rentrer dormir....

-Et que s'est-il passé?

Il me regarde soudainement avec un regard fixe braqué sur moi et devient blanc jusqu'à la racine des cheveux.

-Mathieu?

La femme, nous fait un petit signe de l'autre table, visiblement étonnée que son conjoint ne les aie pas rejoints.  L'homme se lève aussitôt, gêné, me quitte en marmonnant de vagues excuses et se hâte de rejoindre sa famille.  Pour ma part, j'ai vu assez d'hurluberlus pour la journée, je ramasse mes affaires et quitte aussitôt le café.

En sortant, mon cellulaire émet deux bips caractéristiques de l'arrivée de courriels.  Le premier vient de Michel:
« Mariane, je suis désolé, j'ai eu un accident, je ne pourrai pas me présenter à l'entrevue, je suis vraiment désolé, mais là, je dois absolument aller au garage...»
Je pousse un grognement et passe au second message, de Mathieu cette fois:
«Mariane, es-tu toujours là?  Je suis désolé, je t'ai totalement oubliée!!!»

Je soupire et envoie un courriel aux deux pour leur demander de me donner quand même quelques détails sur leur nouvelle respective pour que je puisse faire la présentation.  Le temps que je m'assois dans ma voiture, un premier bip retentit.  C'est de Michel.
«Bien sûr, aucun problème.  Mon personnage principal s'appelle Jean St-Jean et ma nouvelle parle de ce qui lui est arrivé avec son frère jumeau Réjean lors de son année de Syntaxe au Collège des Trois-Rivières en 1958.  Je t'envoie un autre courriel plus tard pour te donner plus de détails, désolé encore!»

La température tropicale de ma voiture semble soudain diminuer de plusieurs degrés d'un seul coup.  Je lis et relis le courriel de Michel en essayant de garder une respiration normale.

Un autre bip m'avertit de l'arrivée de courriel de Mathieu:
«Oui, mais bien sûr, mon personnage s'appelle Mathieu comme moi et il enseigne la philosophie au Cégep de Shawinigan.  Il vient de Ste-Ursule et ma nouvelle parle de ce qui s'est passé aux Chutes il y a 15 ans.»

Je me tortille le cou pour voir l'intérieur du café.  Vide.  Je laisse tomber mon cellulaire sur le siège du passager, tourne la clé de contact et démarre sur les chapeaux de roue pour quitter au plus vite Trois-Rivières.

Et MERDE!!!!  me dis-je en prenant la bretelle de l'autoroute.

*********

Hé oui, j'ajoute ma roue à l'épaule de la campagne de promotion des Six Brumes en vous présentant le duo du Grand Trois-Rivières, Mathieu Croisetière et Michel Châteauneuf, dont je suis fière de défendre les couleurs!

Pour ceux qui ne sauraient pas. les Six Brumes sont en ce moment en pleine campagne de socio-financement pour leurs projets 2016.  Il est encore temps de participer et de faire fleurir la littérature de la Mauricie et d'ailleurs!

Au fait, si vous avez aimé ma présentation, n'hésiter pas à voter pour mon duo, de très intéressantes suites pourraient suivre! ;)

@+ Mariane

lundi 25 avril 2016

L'art de la fin

Salut!

Vous savez, s'il y a bien une chose difficile à accepter pour un lecteur, c'est une fin.  Parce que la fin, c'est tout ce qu'il nous reste d'un livre après l'avoir fini.  C'est la dernière goutte de jus d'un citron que l'on finit de presser.  C'est la dernière goutte de la bouteille de champagne que l'on vient de boire.  C'est la saveur qui reste après avoir fini le gâteau.  C'est ce qui reste à la fin, quand tout le reste est fini.  Et c'est pour ça que l'impression est durable.  Et qu'une bonne fin est aussi dure à réussir.

Je crois que le complexe de la fin est infini chez les auteurs.  Parce que les auteurs qui ont réussi des livres merveilleux gâché par une fin qui a tout fait tourné en eau de boudin, ils sont légions.  Et que la pression est énorme pour bien finir son livre, encore plus quand il s'agit d'une série!  Je n'ose même pas imaginer le stress qu'ont vécu certains d'entre eux en pensant à leurs fins, surtout quand elles étaient attendues par des milliers de lecteurs.  Mais même pour l'auteur moyen, le poids reste énorme parce que la fin, c'est aussi le point final à une oeuvre auquel ils ont consacré des centaines d'heures, voir des années.  Pas évident...

Quels sont les caractéristiques d'une bonne fin?  Il y en a tellement!  Et ils ne s'appliquent pas d'une manière égale, dépendant du reste du ou des livres qui l'ont précédé.  Une chose est sûre, la fin doit être en lien avec le reste de l'oeuvre.  Si ça s'éloigne trop du sujet, les lecteurs renâcleront, parce qu'ils auront l'impression de perdre quelque chose.  Autre point, la fin doit répondre au moins à une partie des questions qui ont été soulevée par l'intrigue ou amené une résolution dans les problèmes affrontés par les protagonistes.  Sinon, pourquoi finir?  Ok, à part dans les films de Marvel où rien ne finit jamais vraiment, dans la vraie vie, on met souvent un point final à certains choses.  Dans les livres, on peut se les permettre plus ou moins définitifs, selon la volonté de l'auteur(e).

Autre difficulté, souvent la fin doit représenter une apothéose de l'oeuvre, parce que tous les chemins mènent à la fin.  Honnêtement, on continue la lecture d'un livre parce qu'on a envie de savoir la fin non?  Un retournement de dernière minute peut constituer une fin, mais une fin peut tout autant représenter plusieurs chapitres.  Et quand on parle de fin, pense-t-on exclusivement à la flamboyante bataille finale ou plutôt aux paragraphes qui suivent, qui représentent souvent la résolution?  Pense-t-on aux moments de tensions, de décisions?  La fin peut être tout en douceur également.  C'est le moment où les amoureux se déclarent leurs sentiments, c'est la fin de la guerre et le début de la reconstruction dont on nous laisse à peine deviner les prémisses.  C'est aussi parfois la chute du héros ou sa mort.  C'est l'échec, la réussite, la résilience, le bonheur.  C'est la fin de ce que l'on a vécu au cours du roman.

Mais il y a aussi une autre caractéristique à la fin: c'est un début.  C'est un passage vers autre chose.  Quoi?  On ne le sait pas nécessairement, mais on laissera les personnages du livre (du moins, les vivants) le savoir et le découvrir par eux-mêmes.  On les laisse au seuil de cette nouvelle vie, de ce nouveau début.  Et c'est là je crois la clé de la bonne fin: réaliser ce passage, qu'il soit fracassant ou non, vers autre chose.  Bien sûr, il y aura toujours des déceptions.  On aurait toujours, comme lecteur, voulu un destin différent pour tel ou tel personnage, dépendant de la vision et de nos espoirs pour celui-ci.  Et oui, l'auteur reste le maître sur le dernier mot que l'on lira et sur les événements qui y arriveront.  La clé ne réside pas dans les événements eux-mêmes bien souvent, mais dans ce passage et vers, j'oserai dire, le destin dans lequel l'auteur enligne ses personnages.  Parce qu'après avoir fini le livre, il nous reste l'avenir à imaginer et l'auteur ne peut que nous orienter vers celui-ci.  Les fins ouvertes aident parfois, d'autres fois nuisent.  C'est selon les cas et les situations.  Chacun des deux peuvent être pertinents.

Dans tous les cas, et ça je crois que les auteurs le savent car ils sont les premiers à le vivre, la fin est une forme de deuil.  Nécessaire, mais pas toujours facile.  Et l'une des étapes du deuil est la colère.  Normal que les fins entraînent parfois de vivres réactions.

@+ Mariane

jeudi 21 avril 2016

Faire des bombes pour Hitler de Marsha Forchuk Skrypuch

Faire des bombes pour Hitler  Marsha Forchuk Skrypuch  Scholastic  217 pages


Résumé:
Ukraine, 1943.  Lida et sa soeur Larissa ont tout perdu: mère exécutée par les nazis pour avoir tenté de protéger leur voisine juive et sa famille, père envoyé en Sibérie par les soviétiques, elles ont été capturées ensemble par la Gestapo.  Alors que sa petite soeur est jugée «racialement assimilable», Lida est envoyé dans un camp de travail forcé.  Elle ment sur son âge et met en valeur ses talents de couturière pour échapper à la mort, malgré les conditions de travail terrible.  Parmi les travaux auquel elle sera contrainte, il y a le pire de tous: fabriquer des bombes pour alimenter la machine de guerre nazie.  Un travail qui se fait dans des usines où la moindre étincelle peut tout faire sauter tout en étant la première cible des frappes alliées.

Mon avis:
J'avais été renversée par la force du roman Enfant volée de la même auteure qui racontait l'histoire de Larissa.  À la fin du livre, elle retrouvait sa mémoire (soigneusement effacée par un lavage de cerveau des nazis) et voulait retrouver sa soeur, sans que l'on sache quel était son destin.  Ce livre apporte la réponse à la question, le livre commençant au moment où les deux soeurs sont séparées.  Sans avoir la puissance d'Enfant volée où toute l'émotion passait par des flash backs du passé de la fillette qu'elle retrouvait au fil du temps et des événements, ce livre réussi à nous glacer le sang en parlant encore une fois du système concentrationnaire.  On a énormément parlé des camps de la mort depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, oubliant souvent que le système concentrationnaire était encore plus vaste et plus cinglé que l'on aurait pu le penser.  La petite Lida sera exploitée, elle, ainsi que des milliers d'autres, dans les camps de travail simplement à cause de leurs origines, elle qui sera étiquetée russe malgré ses origines ukrainiennes.  De nombreux ukrainiens sont morts de faim ou d'épuisement à cause de leurs conditions de travail démentes.  C'est hallucinant de voir comment la pensée raciale nazie était appliquée au moindre détail de l'organisation du camp de travail: selon leur rang, les prisonniers n'avaient pas droit à la même nourriture, aux mêmes travaux, aux mêmes libertés.  De le voir de l'intérieur, à travers le regard de Lida, est hallucinant et nous renseigne sur pleins de détails de la vie dans ces camps.  L'histoire en est moins prenante car très didactique, tout en restant poignante: comment ne pas avoir le souffle coupé en apprenant que les enfants de moins de 12 ans étaient vidés de leur sang pour alimenter les banques de sang des soldats blessés au front?  Comment ne pas voir la cruauté quand on faisait manger cote à cote des personnes dont l'une avait le droit à un bon ragoût plein de viande et l'autre une soupe claire de navet pourri?  Comment ne pas frisonner en se rendant compte que les russes et ukrainiens étaient privés de savon et étaient obligés de se laver avec de la soude, hautement irritante?  Ça et plein d'autres exemples montrent la dureté de la vie dans ces camps.  Lida est un personnage avant tout utile au récit.  Elle a certes une personnalité, mais, on voit que l'auteure l'a volontairement mis en présence de nombreux autres personnages pour nous montrer certaines réalités.  Ça passe bien, mais on voit quand même la ficelle.  Un excellent roman pour connaître une autre facette horrible du système concentrationnaire et nous faire comprendre que l'horreur ne s'est pas arrêté aux camps de la mort, qu'elle était encore plus vaste et plus tatillonne que l'on aurait pu le penser, sans avoir toute la puissance dramatique d'Enfant volée.

Ma note: 4.25/5

lundi 18 avril 2016

Vive la cruauté!

Salut!

Je me confesse, je suis une ex-junkie repentie du divulgâchage,  (Si ce mot ne figure pas dans votre dictionnaire, vous pouvez le traduire par spoileuse, c'est la même chose! :P )  Bref, pendant des années, je me suis délectée de raconter jusqu'à la fin et dans les détails les multiples rebondissements des intrigues que j'avais lu... à des gens qui ne l'avaient pas lu.  Et j'en mettais.  Des tonnes.  Je racontais tout, tout, tout.  Juste pour le plaisir de revivre l'émotion que j'avais ressenti à a lecture.  Jusqu'au jour ou ex-Belle-Soeur m'a gentiment fait la remarque:

-C'est ben le fun les livres dont tu nous parles Mariane, ça donne vraiment envie de les lire...  mais on sait déjà la fin pourquoi on les lirait?

Zut.

Vraiment zut.

Dans mon univers personnel, ça a été l'équivalent d'une petite dépression.  Je me suis profondément remise en question.  Avais-je le droit de laisser mon côté trippeuse de livres empiéter sur le droit aux lecteurs de savourer par eux-même la fin de l'histoire et la joie de cette découverte?  Bien sûr, dans mon métier d'alors, j'avais l'obligation de ne pas trop en dire donc je me retenais (tant bien que!) mal.  Je me suis alors mise à me contenir et à essayer de rester relativement discrète.  Ça a été une torture.  Jusqu'au jour où j'ai trouvé LA solution.

La cruauté.

Donner juste assez envie à un lecteur qu'il ouvre le livre et ensuite, alimenter le goût d'y retourner sans cesse par des petits remarques glissée pas si subtilement, ne rien dire, ne rien dévoiler, juste partir plus loin un sourire machiavélique aux lèvres et savourer le plaisir pervers de voir la victime se tordre d'une délicieuse douleur afin de savoir la fin étant donné que je n'ai fait qu'ajouter à leurs angoisses.  C'est ma nouvelle drogue et je me suis rendue compte qu'elle est encore plus forte que le plaisir du divulgâchage.  Vraiment forte.

Cependant, cette addiction ne peut se nourrir que lorsque l'on a des lecteurs à proximité qui se laisse prendre dans le filet.  Je suis donc depuis quelques temps comme une araignée qui guette ses proies dans le domaine.  Je ne laisse pas souvent filer une occasion, quitte à risquer de perdre un livre au passage, parce que je suis devenue une prêteuse en série de livres à cause de ça.

Et puis, quand ma victime a fini le livre, mais OOOOOOOHHHHHHHHHHHHHHH!!!!!!!!!!!!  Double-plaisir!  Parce que je crois qu'aussi agréable au moins que la cruauté envers un lecteur est la joie de pouvoir jaser en long et en large d'une oeuvre avec une personne qui l'a autant aimé que nous.  C'est presque aussi bien que le divulgâchage...

Bref, laisser ne pas traîner vos oreilles près de moi après que j'ai eu l'air sadique avec une personne tenant un livre...

@+ Mariane

jeudi 14 avril 2016

Une merveilleuse histoire du temps: Ma vie avec Stephen Hawking de Jane Hawking

Une merveilleuse histoire du temps: Ma vie avec Stephen Hawking  Jane Hawking  Terra/Nova  444 pages


Résumé:
À l'été 1962, la jeune Jane Wilde croise le chemin d'un garçon bizarre, à la démarche étrange.  Il s'appelle Stephen Hawking et est un brillant étudiant en physique.  Entre le deux va naître un amour, que même le diagnostic de sclérose latérale amyotrophique (SLA) ne viendra pas éteindre.  Consciente du poids de ses responsabilités avec un époux malade, promis à mourir jeune, elle l'épouse en 1965.  Grâce à son soutien indéfectible et à sa prise en charge complète de la gestion de la vie quotidienne avec un handicap, elle permettra à son mari de se consacrer à l'étude de la physique et de faire les immenses découvertes dans ce domaine qu'on lui connaît.  Pratiquement sans que personne sache quel était le prix à payer sous la surface glorieuse de ces découvertes.

Mon avis:
Ceci est l'histoire de Stephen Hawking, racontée du point de vue de celle qui a partagé sa vie pendant 25 ans, avant la gloire et l'attention du public, alors que la lente maladie faisait son oeuvre en même temps que l'avancement de la science.  C'est aussi l'histoire d'un long, très très long combat contre la vie elle-même et les obstacles qu'elle dresse devant les handicapés, qui prennent souvent la forme de petits détails anodins: une marche, un chemin pas assez plat, les distances à parcourir à pied.  C'est une histoire de courage, mais aussi l'histoire d'un génie.  Et comme tous les génies, les qualités indispensable à leurs découvertes et leurs avancées, la confiance en soi, la capacité de se consacrer totalement à un problème, la pugnacité, ont leurs revers dans l'intimité.  C'est cet autre aspect de la médaille qui est racontée ici.  Certes, je crois que si Stephen Hawking racontait lui-même cette histoire, elle serait bien différente.  Parce qu'il n'a pas vécu les tensions inhérentes à l'organisation de la vie quotidienne, la culpabilité envers une personne vulnérable que l'on a à protéger, la tension entre les soins à apporter aux enfants et à un adulte qui sont presque égaux.  On comprend à tout le moins en lisant ce récit que loin d'être passif malgré son handicap, Stephen Hawking a une personnalité bien trempée et qu'il a toujours su se faire comprendre et entendre.  Adepte des joutes verbales quand il pouvait encore parler, il n'a pas perdu cette habitude plus tard.  Écorchant de nombreuses personnes au passage, car pour lui, la démonstration de supériorité intellectuelle était la valeur suprême.  C'est ainsi qu'il a lors d'une discussion complètement démoli l'étude des lettres, la disant inutile, l'équivalent de retourner des galets sur un rivage alors que sa femme, présente dans la pièce...  était étudiante au doctorat en lettre.  Il a mis la même pugnacité à vouloir nier sa maladie, empirant ainsi le fardeau déjà lourd sur les épaules de celle-ci.  C'était un mécanisme de défense, une façon de ne pas sombrer devant l'adversité, mais quelle poids a-t-il mis par le fait même sur la poignée de proches autour de lui qui acceptait de l'aider?  Ses aidants naturels sont été surchargés car il refusait de faire face à sa maladie.  Avec la publication de son livre Une brève histoire du temps et l'arrivée de la gloire, de cette image d'un petit homme écrasé dans son fauteuil, mais au génie supérieur, il y a eu les tensions, mais aussi l'épuisement de sa femme.  L'arrivée d'une infirmière dans son cercle proche a mis fin à leur mariage et on comprend comment cela a pu arriver: quand une personne tient un discours plus proche de ce que l'on veut entendre qu'une autre qui nous pousse à la raison, les doutes commencent à apparaître.  La fin de leur mariage a été lourde, mais d'un certain sens, libératrice pour Jane Hawkins.  Elle fait preuve d'une grande honnêteté dans ce récit, parlant de tout le support qu'elle a reçu de partout, mais aussi des tensions entre la carrière scientifique de son époux et leur vie de famille.  Elle parle de la physique comme étant la maîtresse de son mari, ce qui n'est pas peu dire!  Femme-courage, femme derrière le grand homme qui permet au miracle de se produire, bien qu'elle soit elle-même, il faut le dire, médiocrement connaissante en physique,même si elle a partagé la vie quotidienne d'un pilier de la physique du XXe siècle!  Il y avait quelque chose de naïf dans son engagement de départ, quelque chose qui a, elle-même le dit, peu à peu tué sa propre personnalité.  Pris dans ses recherches et centré sur ses besoins, niant le poids de sa maladie, son époux ne lui a pas été d'un grand support, tant physique qu'affectif.  Néanmoins, elle réussit le tour de force de présenter ses défauts, ses failles, sans juger globalement l'homme.  Même dans les pires moments de leur séparation, on sent le respect de la personne et la compréhension de sa situation prévaloir.  Jane Hawkins ne cache pas non plus sa relation à long terme avec Jonathan Hellyer Jones, un ami de la famille qui l'a énormément soutenue à partie de la fin des années 1970.  Elle affirme que leur relation est restée longtemps platonique, mais qu'elle s'est aussi totalement intégrée à celle qui la liait à Stephen, Jonathan l'aidant dans tous les aspects des soins relatifs à son époux.  Une histoire peut-être unique, mais racontée avec beaucoup d'honnêteté.  L'édition française m'a semblé manquer de fini et j'ai vu beaucoup de lapsus dans des phrases, assez régulièrement pour que ça m'agace.  Certains détails du fonctionnement interne d'une université anglaise manquaient dexplications, surtout pour un lecteur qui n'est pas forcément familier avec ce système hérité de nombreuses traditions.  De plus, l'auteure elle-même parle de réalité spécifique à la Grande-Bretagne comme s'il était normal que tout le monde connaissent les traditions qui leur sont spécifique.  Normal pour un lecteur britannique, mais français ou encore tout simplement francophone?  C'était insuffisant, il y avait un travail d'édition à faire qui n'a pas été fait.  Ce récit n'est pas non plus d'un haut niveau littéraire, mais il est très intéressant car il nous fait pénétrer dans la vie quotidienne d'une famille marquée à la fois par le génie et le handicap.  Fascinant et dérangeant.

Ma note: 4.25/5

lundi 11 avril 2016

Esprit critique quand tu nous tiens...

Salut!

L'autre jour, Frérot et moi sommes allés voir un film au cinéma.  Nos préférences communes allant vers les films de super-héros, nous sommes donc allés remplir un petit peu plus les coffres déjà bien garni de Marvel Studios.  Ça vous donne par le fait même une idée du genre de films que l'on est allé voir.  En sortant du cinéma, Frérot me demande la proverbiale question:

-Pis, as-tu aimé le film?

Nonobstant le fait que je me suis tordue de rire pendant la moitié du film, je me lance donc dans l'explication suivante:

-Ben, tu sais, le début a bien commencé avec l'introduction qui nous a vraiment mis tout de suite dans l'ambiance et la caméra a vraiment bien aidé dans ce plan-séquence pour nous expliquer les motivations du héros, mais je n'ai pas aimé la façon dont le réalisateur a choisi de présenter son histoire d'amour avec la fille, par contre, dans la scène de combat entre le méchant et le héros, on avait vraiment l'impression d'y être...

J'ai à ce moment tourné la tête et aperçu l'expression hautement perplexe de Frérot.

-Ah, euh, oui, j'ai beaucoup aimé le film!

Son visage s'est alors éclairé et on a continué à discuté en regagnant nos voitures respectives.

Sauf qu'intérieurement, je me suis dit une phrase toute simple.

Maudite critique!

Maudite manie de critique que je devrais plutôt dire.  Même pour des aventures de super-héros, mon cerveau, longuement entraîné commence à vouloir décortiquer, réfléchir, penser, décrire, analyser mon ressenti, reste en mode alerte et regarde attentivement le moindre détail.  Ce qui ne m'empêche pas d'apprécier un bon divertissement, mais bon, dès que l'on me demande ce que j'ai pensé d'une oeuvre quelconque, film, livre, série télé...  je ne peux plus répondre, c'est bon, ou c'est pas bon.  Je vais discuter l'oeuvre, l'analyser, en parler en profondeur, essayer de voir ses défauts et ses faiblesses, bref, je ne peux pas résumer ça en c'est bon ou c'est pas bon.

Pour les membres de mon entourage, ça doit être sérieusement lassant cette manie que j'ai de toujours tout analyser et critiquer.  D'autant plus que la critique, plus elle se pratique, plus elle s'affine et plus on devient attentive aux détails.  C'est dans le domaine littéraire que je suis le plus câlée, c'est sûr, mais n'empêche, j'aime bien le cinéma et les séries télés et je suis pareille.  En un mot, pour moi, une oeuvre d'art, quel que soit son support ou son rayonnement, n'est jamais bonne ou mauvaise.  Elle est dans une série de subtils tons de gris s'étendant pratiquement à l'infini.  Et j'ai appris à apprécier d'avoir à décortiquer chacune de leurs nuances, un plaisir qui à la longue est devenu presque aussi grand que celui d'apprécier les oeuvres.  Parce qu'en les analysant, on les redécouvre une deuxième fois et si on peut en voir la mécanique et comprendre que l'art ne dépend peut-être pas tant de la magie que d'un talent à savoir jouer avec les règles de la création, cela ne les rend que plus fascinantes.

Mais bon, je suis heureuse que ce soit moi qui gosse les autres avec mes manies de critique plutôt que l'inverse...

@+ Mariane

jeudi 7 avril 2016

Trilogie des tempêtes: 2- L'arrivée des tempêtes de Mercedes Lackey

Trilogie des tempêtes  tome 2  L'arrivée des tempêtes  Mercedes Lackey  Milady 511 pages


Résumé:
La digue mise en place par les mages de Valdémar et leurs alliés ne tiendra pas éternellement, mais pour l'instant, elle assure la sécurité de tous, laissant un peu de repos aux habitants du pays.  An'desha, sa peur de Mornelithe Fléaufaucon vaincue, affirme son indépendance, laissant Flammechant dans le doute et le désarroi.  Karal lutte pour faire sa place en tant qu'ambassadeur de Karse, malgré son jeune âge.  À l'autre bout du continent, Treman tente par tous les moments d'assurer la survie de ses hommes dans un monde privé de magie, car lui ne bénéficie par de la protection de la digue.  Cependant, les calculs des mathématiciens de la cour valdémarane sont formels: bientôt, une tempête magique plus forte que les autres emportera la digue et bouleversera le pays.  À moins qu'ils n'essaient d'utiliser une arme encore plus puissante, provenant du fond des âges, fabriquée par nul autre qu'Urtho, le mage du silence, celui qui est à l'origine des tempêtes magiques.

Mon avis:
Lire le deuxième tome de cette trilogie est moins lire un roman distinct que de lire une continuité dans une même histoire.  Tout ce qui avait été mis en place dans le premier tome se poursuit ici, selon les personnages.  Pas de grands retournements donc.  Cela en fait un roman un tantinet moins intéressant que le premier, même si la lecture demeure très agréable.  Treman en particulier, avec ses constants questionnements, est très intéressant.  La peur viscérale de Karal de ne pas être pris au sérieux comme ambassadeur de Karse également.  Et puis, il y a Altra, le Chat du Feu, son compagnon.  Et Florian, le Compagnon qui s'intéresse de près à lui.  À penser que s'il n'avait pas été karsite et engagé auprès de Vkandis, le Collegium aurait eu un Héraut de plus!  Je n'ai pas grand chose à ajouter de plus par rapport à ma critique du premier tome tellement celui-ci est en continuité, ce qui n'est pas vraiment une force à mon avis: ça manque de personnalité.  Pourquoi écrire cette histoire en trois tomes?  Un seul très long aurait suffit à mon avis.  Raisons éditoriales sans doute.  Bref, une très bonne lecture, un bon moment, tout est bien, mais un manque de personnalité propre à ce tome qui fait que l'on se demande pourquoi l'auteure l'a écrit.

Ma note: 4/5

lundi 4 avril 2016

Avec l'expérience vient l'exigeance

Salut!

Neveu va bientôt avoir sept ans (DÉJÀ!!!!!!!) et depuis quelques mois, il a commencé l'école.  En bonne tante consciencieuse et ancienne libraire, vous pouvez être certain qu'il baigne dans les livres depuis sa plus tendre enfance.  Maintenant qu'il commence à savoir lire, je me délecte de l'entendre ânonner tout ce qui lui tombe sous les yeux, ne serait-ce que les ingrédients sur le pot de ketchup.  Mais surtout, j'aime qu'il me parle des livres que je lui aie donné et qu'il a lu.  Nos dialogues ressemblent un peu à ça.

-Pis, as-tu lu le livre que matante t'a donné?

-Oui!

-L'as-tu aimé?

-Oui!

-Un peu, beaucoup?

-Euh, oui!

-Quelle partie as-tu le plus aimé?

À voir la tête qu'il me fait dans ces moments-là, il est facile de savoir qu'il ne comprend pas le sens de ma question ou de toute autre variation cherchant à le faire parler de son appréciation de sa lecture.  Faut le comprendre!  Pour lui, tous les livres se ressemblent et ils sont tous bons, que voulez-vous, il en a si peu lu!  Ce qui ne va me faire renoncer à savoir son opinion, mais bon, va falloir attendre un peu avant qu'il soit capable de développer ses idées!

Quand on commence à lire, tous les livres sont bons ou mauvais, selon que l'on ait aimé ou non.  Tous.  Absolument tous.  Pourquoi?  Parce qu'on a aucun point de comparaison.  On est dans la découverte, dans l'exploration.  Ce n'est qu'après un certain temps que l'on vient à développer notre goût.  Un de mes profs au secondaire, spécialiste en cinéma, nous l'avait expliqué: toutes les astuces, tous les trucs pour suscité de l'émotion fonctionne toujours du premier coup avec quelqu'un qui ne les a jamais vu.  On aime l'effet ou non, c'est tout.  Par contre, il faut avoir du talent pour réinterpréter le truc face à des lecteurs qui ont déjà vu dix fois ce procédé, sans nécessaire les dépayser.

Et puis, il faut le dire, avec le temps, à force de lire, on finit par développer notre goût, tout comme un sommelier développe le sien en goûtant les vins.  On finit par savoir ce qui est bon, ce qui est moins bon, en développant notre propre système de critères.  Celui-ci sera élaboré à la fois par nos lectures et par notre contact avec d'autres lecteurs et leurs opinions.  Dynamique, ce système est en constante élaboration.  Personne n'aimera de la même façon une oeuvre à toutes les époques de sa vie.  D'ailleurs si c'est le cas, faut se poser des questions sur le vécu de la personne, parce que notre capacité à percevoir une oeuvre évolue toujours avec nous!

Avec le temps, on sera moins facilement surpris, étonné, transporté par des livres.  Cela n'est pas triste, au contraire, c'est normal.  Ce ne sont pas les livres qui sont moins bons, c'est nous qui avons grandit.  Il y a des choses qu'avec le temps on comprend mieux, d'autres choses que maintenant qu'on les connaît, on rejette plus facilement.  C'est notre appréciation qui change parce que l'on se connaît mieux et que l'on sait quoi chercher pour se faire plaisir.  Ce qui en divergera tombera dans le moins bon, peu importe que l'on soit capable de reconnaître les qualités littéraires de l'oeuvre ou non.  C'est ainsi que de nombreux critiques littéraires se sont plantés dans l'histoire devant une oeuvre qui ne correspondait pas à leurs grilles d'analyses et d'attentes: ce qu'on leur a proposé sortait de leurs schémas mentaux et donc, n'était pas bon.  On peut souvent se tromper dans le domaine.  Comme de quoi la meilleure façon de connaître la qualité d'une oeuvre reste le bon vieux passage du temps.

Parfois je rêve de redevenir une lectrice comme Neveu, facile à surprendre, facile à transporter et à être émerveillée.  Ce n'est plus mon cas depuis longtemps malheureusement.  Ce qui ne veut pas dire que je lise moins de bons livres, non.  J'en lis juste moins qui se démarquent des autres au point d'être à nouveau émerveillé comme à ma première lecture.

@+ Mariane

jeudi 31 mars 2016

Tuer Vélasquez de Philippe Girard

Tuer Vélasquez  Philippe Girard  Glénat Québec  191 pages


Résumé:
Radio-Canada, an 2000.  Un graphiste de Radio-Canada apprend qu'un prêtre québécois a été arrêté en France pour agression sexuelle sur de jeunes garçons.  En apprenant le nom de l'homme, le graphiste, Philippe Girard (l'auteur lui-même), se retire dans la salle de bain, en colère.  S'ensuit un long regard à lui-même dans le miroir, tandis qu'il plonge dans ses souvenirs datant de 1983.  Ses parents venaient de se séparer et sa mère, désireuse de l'aider à s'intégrer, l'inscrit à un groupe de jeunes garçons mené par un prêtre.  Un prêtre manipulateur, aux comportements étranges et insidieux.

Mon avis:
Depuis Maus, je savais que la BD était capable d'explorer toutes les zones d'ombres de l'âme humaine.  Avec Tuer Vélasquez, on ne fait qu'en rajouter une couche à cette opinion.  Oublier les comics, cette oeuvre n'a rien à voir avec ça.  De par le choix de la technique (beaucoup de noir et blanc et un encrage beaucoup plus foncé dans les cases où le prêtre est présent), des plans, quasiment cinématographique, des phylactères parfois blanc, parfois noirs (pour indiquer les moments où les dialogues sont sans rapport avec les cases que l'on voit), mais aussi dans la façon de raconter l'histoire, on touche à une profondeur et à une densité d'intrigue digne d'un roman touffu.  Le personnage principal, Philippe, est un jeune déraciné dans une banlieue de Québec suite à la séparation de ses parents.  Là, sa mère l'encourage à joindre un groupe de jeunes menés par un prêtre.  Dès que l'inquiétant personnage fait son apparition, on commence à sentir le cercle vicieux dans lequel il enfonce ses victimes.  Il les encourage à cacher les activités du groupe à leurs proches, il les sépare de leurs familles par un paquet de réflexions en apparence anodines, leur dit qu'ils sont trop prudes, pas ouvert d'esprit ou s'accrochent au passé quand ils voient des situations qui les mettent mal à l'aise.  Lentement, il désensibilise les jeunes et les prépare psychologiquement aux agressions.  Ce n'est pas lui qui est incorrect, ce sont les jeunes qui ne comprennent pas.  Il utilise beaucoup pour approcher les jeunes physiquement la culture française et ses moeurs: c'est normal en France que deux hommes s'embrassent, alors il embrasse les jeunes.  Une partie du plan du prêtre est lié au fait que si les jeunes font ce qu'il dit de faire, il y a un voyage en France à la clé et il laisse entendre que là-bas, les moeurs sont plus ouvertes et qu'ils doivent s'habituer...  Habile, très habile de sa part, d'autant plus que les cases qui sont associées aux prêtres sont toujours plus noires, plus sombres que les autres et qu'on a souvent des plans rapprochés sur sa physionomie, ses sourcils entre autre, très parlants.  C'est durant un week-end à la campagne que Philippe verra clair dans le jeu du prêtre et fera tout avec un autre jeune pour ne pas se faire avoir.  Le prêtre durant ce temps-là, laisse tomber le masque: il cuisine littéralement nu devant les jeunes!  La logique de l'agresseur pédophile, qui est d'isoler la victime et de la manipuler pour qu'elle considère comme normal ce qui ne l'est pas est habilement démontrée, mais jamais de façon didactique: cette expérience venant du vécu de l'auteur, on sent sa réalité et non l'exemple qu'il veut montrer.  Un personnage que j'ai beaucoup aimé est l'abbé, comme un contrepoids au prêtre.  Enseignant à l'école où étudie le jeune Philippe, il n'a rien d'un pédophile, tout en étant proche de ses élèves.  Une façon de montrer que ce sont les individus qui sont un problème, pas nécessairement l'institution dont ils dépendent (malgré que l'institution ait trop souvent couvert les individus...).  Une autre façon de montrer la différence entre le prêtre et l'abbé est la dichotomie entre Picasso et Vélasquez.  Le prêtre dit à Philippe de tuer le Vélasquez en lui s'il veut devenir Picasso.  Une façon de le couper de lui-même, de l'inciter à n'écouter que ce qu'il dit (le prêtre), de ne plus faire confiance à son instinct.  Une scène que j'ai beaucoup apprécié dans le livre montre Philippe empruntant des livres sur les deux artistes pour se faire sa propre opinion.  Plus tard, croisant l'abbé par hasard, celui-ci fera une réflexion sur Picasso et Vélasquez qui rendra à Philippe sa confiance en sa capacité de penser par-lui-même.  Un autre point: Jack Bowmore, qui n'est autre que le célèbre Bob Morane en personne!  Charme suranné que ce personnage aventurier qui trouve là une excellente utilisation: c'est en s'inspirant de ce personnage pourtant fictif que Philippe sera capable d'affronter le prêtre et de parler de ce qui s'est passé.  On cite largement des extraits des livres, et pour montrer à quel point Philippe est impliqué dans sa lecture, Jack Bowmore prend littéralement place dans la BD!  Le graphisme est légèrement différent pour bien montrer qu'il s'agit du livre et on laisse dans ces cases de la place aux gris également pour établir clairement la ligne entre le récit proprement dit et les lectures de l'ado.  Le courage de Bowmore encouragera Philippe à avoir le courage pour agir dans la sienne.  Pour pouvoir se regarder dans le miroir.  Rappel de la scène d'ouverture...  Une BD extrêmement bien construite, bien faite, un hommage au neuvième art dans ce qu'il a de meilleur.  Bon, en résumé, malgré le sujet difficile, j'ai adoré!

Ma note: 5/5

P.S. Pour mieux connaître Philippe Girard, voir l'épisode et les vidéos associées qui lui ont été consacrées par l'équipe de BDQC.

lundi 28 mars 2016

La fumeuse idée du destin

Salut!

Quand on regarde la littérature fantasy, on se rend compte qu'une idée récurrente rampe dans la grande majorité des romans et séries de genre: le destin.  Le héros de l'histoire, même s'il n'est au départ qu'une personne très ordinaire s'y révèle comme étant une personne destinée à faire quelque chose, le plus souvent, tuer le méchant.  Peut importe ce qu'il fait, ce qu'il a décidé dans sa vie, les épreuves qu'il a affronté et dont il a triomphé, sa personnalité, ses amis, bref, sa vie, notre héros réussira parce qu'il était déjà certain au départ qu'il le ferait.  Enfin, peut-être pas pour lui, mais pour les autres personnes qui parlent de sa destinée et les puissances supérieures de son coin d'univers.  Entre autre.  S'il y a bien un truc répétitif dans la fantasy, bien au-delà des clichés, c'est bien ça.

Pensez-y!  Les enfants Pevensies des Chroniques de Narnia sont destinés à devenir Rois et Reines de Narnia.  Harry Potter a fait l'objet d'une prophétie avant sa naissance.  Eragon est choisi par son dragon.  Et je vous épargne le Porteur de lumières dans Les Chevaliers d'Émeraude...    Je vous le dit, sortez les exemples, ils sont légions.  En fait, c'est un procédé tellement facile en fantasy que ce sont ceux qui ne font pas appel à cette idée qui sont l'exception plutôt que la règle.  Un bon exemple est la bande de la Communauté de l'anneau.  Tous choisissent de s'engager dans la quête et personne n'a été élu ou destiné à ça.  Ils ont tous leur cheminement de vie, mais ils décident de s'engager dans cette quête.  Tout en sachant que rien ne garanti leur réussite parce qu'il n'y a aucune prédiction au départ sur le résultat de leur aventure...  Et c'est une énorme différence.

C'est une chose qui ne m'avait pas vraiment frappé avant de visionner cette conférence TED.  Et ensuite, quand on a vu ça, on ne peut que ce dire: mais oui, c'est vrai!  Les gens que nous admirons, les gens qui ont des histoires encensées par à peu près tout le monde... ont une histoire dont on nous a dit la fin au début.  Évidemment, le talent de l'auteur(e) nous fera douter de la réussite finale.  Nous fera croire que rien n'est moins sûr.  L'intérêt est alors de savoir comment il (ou elle) va le faire, mais n'empêche... tout l'intérêt d'une histoire n'est-elle pas de ne pas savoir comment elle va finir?  Et là, on nous dit la fin pratiquement au début!

Les destins, les prophéties, les prédictions ont leur utilités.  Elles permettent de se libérer un peu du poids de ne jamais savoir de quoi sera fait l'avenir.  C'est vrai, quand face à l'avenir règne l'incertitude, de s'accrocher à la certitude que quelque chose va arriver de façon certaine rassure, console.  On a beau rire des amoureux (se) des romans d'amour, on peut leur donner ce petit point en commun: tous les deux lisent des livres dont ils ont une petite idée de la fin au début.  On le sait en ouvrant la couverture d'un roman d'amour que les deux tourtereaux vont finir ensemble après être passé par un long cycle de je t'aime/je te déteste.  On le sait d'avance en lisant une prophétie que le héros/l'héroïne va finir par faire ce qu'elle dit... mais les chemins pour le faire peuvent être beaucoup plus tortueux, disons.

L'idée du destin pré-déterminé fonctionne évidemment bien dans un univers où le fond magique permet de dire qu'il est possible de prédire l'avenir, ce qui n'est évidemment pas si évident dans notre pauvre monde terre-à-terre.  Et l'idée est séduisante et facile à mettre en place: quoi de mieux pour faire bouger quelqu'un que de lui dire que dans l'avenir, il fera exactement ce qu'on lui dit, peu importe les événements auquel il fera face et peu importe les efforts qu'il fera pour y échapper.  Wow!  Perso, j'aime mieux ne pas trop connaître mon avenir que de savoir que je ferais à coup sûr un truc débile un jour...

Quand on y pense, l'idée du destin est faussement rassurante et correspond à un besoin de contrôle sur notre avenir que nous n'avons pas collectivement et fournit également une garantie de ne pas se tromper: on y est destiné après tout!  Alors que dans notre vraie vie, la réalité est toute autre: personne ne peut prédire l'avenir, personne ne peut dire que quelqu'un réussira ou échouera avant que les événements arrivent et personne ne sera un sauveur destiné à sauver le monde.  Ça n'arrivera pas dans notre monde.  Il faut donc se résoudre comme des milliards de personne l'ont fait avant nous: à tâtons, en prenant individuellement et collectivement des décisions dont on ne sait pas l'impact à l'avance et en faisant de notre mieux en toutes circonstances.  Carrément moins sexy...  Malgré que ça a très bien marché dans le Seigneur des Anneaux, alors je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas faire de même dans d'autres romans!

@+ Mariane